Le droit à l'avortement est-il un droit fondamental ' Seule une femme pourrait répondre à cette question. Et pourtant, ce sont les hommes qui l'ont fait.La Cour suprême des Etats-Unis a révoqué, vendredi 24 juin, le droit à l'avortement. Un droit pourtant constitutionnel depuis 1973.
Sur les neuf membres de la plus haute autorité américaine, six ont voté pour, quatre d'entre eux sont des hommes. La moitié de la Cour a été nommée par Donald Trump.
Donald Trump n'est plus là et pourtant il continue à régner. Les juges ' conservateurs ' de la Cour suprême qu'il a nommés durant son mandat viennent de donner vie à l'une des pires prédictions des féministes. L'interdiction du droit à l'avortement. « N'oubliez pas de règler vos horloges 50 ans en arrière », écrivait une des manifestantes dans sa pancarte dénonçant cette nouvelle.
En 2017, lors de la Women's March, des millions de femmes sont sorties manifester devant la Maison Blanche au lendemain de l'investiture de Donald Trump. L'un des premiers slogans scandés ce jour-là a été en faveur du droit à l'IVG.
Cinq ans après, nous y voilà. La sombre prémonition s'est réalisée. Longtemps remis en question dans une Amérique divisée, ce droit dresse une Amérique contre l'autre. L'une des deux vient de gagner.
La révocation du droit à l'avortement aux US a provoqué un véritable raz-de-marée mondial. En France, l'on s'interroge si, pour protéger l'IVG, il fallait inscrire ce droit dans la Constitution. En Tunisie, on ne nous demande pas notre avis.
Chez nous, le droit à l'avortement n'est pas directement menacé mais son accès demeure parfois restreint, et empreint d'une certaine victimisation des femmes ' non mariées ou pas ' qui demandent de le pratiquer. Même si notre loi l'autorise, les femmes qui cherchent à se faire avorter doivent souvent faire face aux jugements ' loin d'être bienveillants - de la famille, de la société et même du personnel médical appelé à le pratiquer.
En dehors du droit à l'avortement, beaucoup d'autres droits, en revanche, suscitent des tensions. Ils pourraient bien être tranchés dans la nouvelle constitution à venir.
Dans 48 heures, les Tunisiens pourront enfin connaitre de quoi sera faite leur nouvelle constitution. Quels seront les droits dont nous pourront continuer à jouir et quels seront ceux dont il faudra apprendre à vivre sans. Alors qu'on parle en leur nom, à aucun moment les Tunisiens n'ont été appelés à donner leur avis pendant qu'il est encore temps de le faire.
Plusieurs questions attendent depuis des années d'être tranchées. Et pourtant, aucune d'elles n'a sa place aujourd'hui dans le débat public.
S'il est appelé à voter en référendum, le Tunisien n'aura nullement son mot à dire avant que ce texte ne soit effectif. Il devra se contenter de dire si « oui » ou « non » il approuve le texte dans sa totalité. L'essentiel du débat autour de la constitution devra se tenir pendant le mois de juillet. Il sera déjà trop tard pour y apporter le moindre changement.
25 jours de tergiversations autour d'une constitution qui devra fixer les grandes règles de la vie des Tunisiens, mais des tergiversations qui ne serviront à rien car le sort sera déjà scellé jeudi soir 30 juin.
Dans 20 ans, Kaïs Saïed ne sera plus là et pourtant il continuera à régner via une constitution qu'il aura imposée à un peuple en parlant en son nom. Il est peu probable que la majorité des Tunisiens qui se déplaceront aux urnes le 25 juillet prochain sauront exactement sur quoi ils votent. Le jour du référendum, le vote sera tranché en fonction de l'opinion que chaque électeur aura de « la voie » entreprise par Kaïs Saïed. Il votera oui s'il estime qu'il s'agit d'une « rectification de trajectoire », et non, s'il qualifie les récents événements de « coup d'Etat ».
Triste manière de trancher une constitution qui décidera du sort des Tunisiens pour les 20 années à venir. Pas encore rendue publique, cette constitution dresse déjà une Tunisie contre l'autre.
Pour l'heure, aucun débat sérieux sur la scène nationale n'a lieu autour des questions essentielles. Elles sont totalement occultées par le débat politique d'une prétendue légitimité. Quel débat pouvons-nous observer alors que tout ce que nous savons sur la constitution n'est que fuites et rumeurs'Et pourtant, l'heure tourne'
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Source : www.businessnews.com.tn