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Pass vaccinal : La "numérisation" au service du désordre


L'entrée en vigueur de l'obligation de présenter un pass vaccinal en Tunisie a reflété le flou vers laquelle nous ne cessons d'avancer. Une telle mesure, qui théoriquement vise à garantir le bien-être collectif et à renforcer la lutte contre la propagation du Coronavirus, s'est transformée en un véritable calvaire pour les citoyens tunisiens.L'accès aux services publics représente dorénavant un véritable parcours du combattant ayant pour principale cause l'incompatibilité des dispositions du décret avec le quotidien des Tunisiens, mais encore, les incohérences des différentes "interprétations" de l'application du texte.

L'équipe de Business News s'est rendue, le matin du 22 décembre 2021, à l'hôpital Salah Azaïez. Le vigile nous a affirmé que le directeur de l'établissement nous interdit formellement de filmer à l'intérieur.
Par la suite, nous nous sommes rendus à l'aéroport Tunis-Carthage afin d'observer le déroulement de l'opération. L'un des policiers en civil a demandé à notre journaliste de présenter des documents attestant de son identité et les a photographiés. On nous a interdits de filmer sous prétexte de l'absence d'une autorisation de la part de l'administration de l'aéroport. Nous avons, donc, demandé d'y accéder afin d'obtenir l'aval des autorités. A notre grande surprise, on nous a interdit l'accès en raison des mesures stipulant que seuls les voyageurs étaient habilités à accéder à l'aéroport.

Par la suite, nous nous sommes rendus au ministère de la Santé où une foule commençait à se rassembler. Il s'agissait de citoyens venus manifester leur colère suite à un refoulement aux portes des hôpitaux et des administrations.
Une citoyenne nous a révélé qu'elle avait été refoulée malgré la présentation d'un pass vaccinal numérique tel que précisé par le ministère de la Santé. « J'ai mon pass sur mon téléphone. On m'a demandé d'imprimer le document ! Allons-nous voir la même rigueur lors des festivités à l'occasion du nouvel an dans les hôtels ' Je me suis rendue à l'hôpital à six heures du matin ! C'est inconcevable ! », s'est-elle exclamée.
« On nous a interdit l'accès à l'hôpital d'enfants Béchir-Hamza. J'ai été mis à la porte et on m'a demandé un pass vaccinal malgré une panne au niveau de la plateforme depuis trois jours ! Nous sommes en faveur de l'application de la loi mais à condition de fournir les moyens nécessaires à cela ! On nous a fermé la porte au nez ! On n'a même pas pris en considération la situation dans laquelle nous nous trouvions ! Que devons-nous faire pour les enfants qui n'ont pas pu accéder aux soins ' Ils vont mourir ! », a déclaré un citoyen au micro de Business News.

Le même constat nous a été communiqué par une citoyenne se trouvant devant le ministère et qui devait accompagner sa fille à une visite médicale. Ni elle ni son mari n'ont pu accéder à la plateforme Evax.
Les témoignages nous parviennent de partout. Des citoyens sont interdits d'accès dans certains établissements, toutefois, dans plusieurs endroits, le pass vaccinal n'est pas pris en compte.

Amnesty International a appelé les autorités tunisiennes à suspendre l'application du décret-loi n°2021-1 du 22 octobre 2021, relatif au pass vaccinal jusqu'à sa révision en raison de la privation d'exercer son travail, d'accéder aux espaces privés et publics et de voyager.
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