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Trois questions à Sadok Hammami: « Les journalistes estiment que l'Etat est responsable de la situation actuelle des médias »


Sur la base d'un sondage d'opinion et d'interviews semi-directives auprès de 205 journalistes et acteurs du secteur, une étude sur les représentations des journalistes des politiques publiques en matière de médias a été présentée par Sadok Hammami au cours de la rencontre d'avant-hier.Pourquoi avoir attendu dix ans pour que le Syndicat national des journalistes entreprenne une étude sur les politiques publiques des médias '
En fait, la notion de ces politiques publiques a émergé tardivement en Tunisie. D'abord, pendant les premières années de la révolution, le mot d'ordre consistait à se libérer du joug de l'Etat et de son emprise passée sur les médias. Par la suite, ce changement de paradigme, comme je l'appelle, est venu progressivement. Les journalistes découvrant que les élites politiques sont complètement indifférentes vis-à-vis des médias. Plus encore : ils découvrent le machiavélisme des politiques qui ont pendant tout ce temps utilisé les médias sans les réformer. En 2019, est née l'idée que désormais il faudrait qu'un acteur, en l'occurrence ici le syndicat, impose et pose sur la table un agenda et une approche systémique en rapport avec les médias publics. Les choses évoluant, le syndicat a fait appel à moi pour enclencher une démarche scientifique et méthodologique visant à identifier les attentes et les attitudes des journalistes et des acteurs professionnels par rapport à cette question.
Justement, en quoi consistent les grande lignes de ces attentes '
Les journalistes estiment que l'Etat est responsable de la situation actuelle des médias publics. Parce que tout simplement une grande partie du secteur des médias et du contingent de journalistes tunisiens relèvent du service public : l'Ipsi, la Tap, le Capjc, les radios et les télés nationales. En plus c'est l'Etat qui détient entre les mains l'initiative législative. Se dégage aussi une forte demande de la part des professionnels pour que l'Etat engage enfin la réforme des médias, qui tarde selon eux à venir.
Comment évaluez-vous la vision des journalistes de ces politiques publiques '
D'une part, la demande est claire et légitime : les journalistes demandent que soit mise en place une politique publique à caractère stratégique, fondée en droit en matière de réformes des médias. D'autres aspects importants ne semblent pas préoccuper outre mesure les professionnels, dont les défis que pose aujourd'hui le digital. Il y a peu de prise de conscience par rapport aux risques et dangers provenant des réseaux sociaux. J'ai remarqué également que la réflexivité manquait quant à la question de la responsabilité des journalistes eux-mêmes. Comme si les réformes ne devaient venir que de l'extérieur, de l'Etat providence.
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