Tataouine

Qui pousse au pourrissement à Tataouine'


La coordination du sit-in d'El Kamour a décidé, lundi après-midi, de décréter une grève de trois jours, à partir d'aujourd'hui dans toutes les délégations du gouvernorat de Tataouine, en signe de protestation contre le retard qu'accuse l'application d'un accord sur le développement de la région signé le 8 novembre 2020 avec le gouvernement.Cette décision intervient suite à une réunion tenue entre la coordination et des représentants des autorités régionales pour examiner l'avancement de la mise en 'uvre des engagements du gouvernement.
La coordination a également annoncé la poursuite des sit-in organisés dans les diverses délégations du gouvernorat de Tataouine, et appelé le Chef du gouvernement à accélérer la mise en 'uvre de l'accord conclu au terme d'un sit-in de cinq mois (8 juin-8 novembre), qui avait bloqué la production sur le site pétrolier d'El Kamour Tataouine pendant 115 jours, afin que les jeunes chômeurs ne soient pas obligés de durcir davantage leur mobilisation.
Les chômeurs en colère réclament notamment l'accélération des procédures d'octroi de prêts aux jeunes porteurs de projets, le démarrage de l'opération du tri des candidatures pour un millier de postes d'emploi dans la Société d'environnement, de plantation et de jardinage et l'annonce des résultats du tri des candidatures aux postes à pourvoir dans les sociétés pétrolières.
La coordination du sit-in d'El Kamour avait décidé, le 11 février, de refermer la vanne de la station de pompage du pétrole et accusé le gouvernement a failli à ses engagements envers le gouvernorat de Tataouine. Mais l'armée nationale a empêché les pick-up transportant les jeunes protestataires de quitter la ville de Tataouine pour rejoindre le site pétrolier d'El Kamour, ce qui a provoqué des manifestations et une vive tension dans la région.
Le 12 février, le chef du gouvernement, Hichem Méchichi, avait assuré que l'Etat tiendra ses promesses, tout en avouant qu'un retard a été accusé dans la mise en 'uvre de certains points de l'accord signé avec les protestataires.
Pour sa part, la délégation gouvernementale chargée de négocier avec la coordination du sit-in d'El Kamour, a considéré que l'accord avance sur le terrain, puisque les principaux points ont été réalisés, notamment le versement des 80 millions de dinars sur le compte du Conseil régional et l'ouverture des concours pour le recrutement dans les sociétés pétrolières. Cette délégation gouvernementale, conduite par Moncef Achour, a, également, jugé «injustifiée et incompréhensible» le durcissement de la mobilisation à Tataouine.
Instrumentalisation politique '
La mobilisation des jeunes chômeurs à El Kamour a débuté en 2017. Les protestataires avaient alors fait plier le gouvernement de Youssef Chahed en l'obligeant de signer un accord prévoyant des projets de développement dans le gouvernorat de Tataouine et la création de milliers d'emplois. L'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) s'était porté garante de l'application de cet accord signé prévoyant notamment la création d'un Fonds de développement et d'investissement dans le gouvernorat de Tataouine doté d'un budget annuel de 80 millions de dinars, le recrutement de 1500 jeunes dans les compagnies pétrolières et 3000 autres jeunes dans la Société d'entretien de l'environnement.
Les principaux points de cet accord n'ont cependant jamais été appliqués, ce qui a obligé les protestataires de bloquer de nouveau la vanne de la station de pompage pendant 115 jours et observé un sit-in de cinq mois.
L'UGTT n'affiche aujourd'hui qu'un soutien timide et très embarrassé aux protestations organisées par la coordination du sit-in d'El Kamour. La puissante centrale syndicale soupçonne en effet certaines parties politiques d'instrumentaliser les mouvements de protestation à Tataouine. Elle s'était, déjà, désolidarisée de ces mouvements en juillet dernier et suspendu une grève générale régionale qu'elle avait décrétée dans le gouvernorat de Tataouine, et accusé le mouvement islamiste d'Ennahdha d'avoir pesé de tout son poids pour pousser les protestataires à fermer la vanne de la station de pompage du pétrole.
«Maintenant qu'Ennahdha a pesé de tout son poids pour fermer la vanne de la station de pompage en cette circonstance critique, les syndicalistes de Tataouine devraient appeler à la reprise du travail», avait déclaré le secrétaire général adjoint et porte-parole de l'UGTT, Sami Tahri, au lendemain de la fermeture de la station de pompage survenu le 17 juillet dernier.
De son côté, le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, a affirmé, en décembre dernier, que tous les mouvements sociaux qui sont en train de paralyser le pays ne sont pas aussi innocents qu'on le prétend, indiquant que certaines forces politiques tirent les ficelles du chaos. «La constitution de coordinations qui ont organisent des sit-in et bloquent les sites de production est planifiée. D'autant plus que le discours des dirigeants de ces coordinations laisse croire que des parties politiques en tirent les ficelles», a-t-il lancé.
A noter que le nouvel accord signé entre le gouvernement et la coordination le 8 novembre dernier prévoit notamment la mise en place d'un Fonds de développement régional doté d'un budget annuel de 80 millions de dinars, le recrutement de 1000 agents par la Société d'environnement, de plantation et de jardinage, l'embauche de 215 personnes par les compagnies pétrolières opérant dans la région et le financement de 1000 projets par des crédits accordés par la BTS, la BFPME et les associations de microcrédits, en partenariat avec les programmes de Responsabilité sociétale des entreprises pétrolières.
W.K.
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