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Quand le terrorisme menace les habitants Le Kef ' Zones forestières


Les autochtones des zones forestières vivent dans la peur d'être attaqués à tout moment par des terroristes affamés et en quête de nourriturePlus de 35 mille habitants vivent en symbiose dans les zones forestières du gouvernorat du Kef où le couvert végétal a été affecté par les incendies et l'abattage sauvage des arbres. Jamais, les prodiges naturels tunisiens n'ont été aussi somptueux comme dans les régions de l'intérieur où les prestigieuses forêts de Ouergha, de la Kroumirie et de la dorsale tunisienne offrent au visiteur des décors fastueux, splendides et opulents où, il est vrai, la population, encore vivant dans la précarité, semble de plus en plus se réconcilier avec ce milieu.
Il suffit de se rendre, au hasard, dans les forêts du Kef pour prendre connaissance de cette réalité à la fois magnifique et triste. Autant les lieux offrent un décor féerique autant la population autochtone qui y vit a du mal à joindre les deux bouts.
En effet, 35 mille habitants vivent dans les zones forestières et tirent une partie de leurs subsistances de ce milieu, au demeurant longtemps régi par des lois parfois coercitives pour la population pour laquelle l'élevage ovin, caprin et bovin représente l'activité principale. La forêt constitue, en effet, pour les éleveurs le lieu de parcours privilégié pendant la période hivernale et une source pour le chauffage domestique et énergétique, même si les habitants sont contraints de jouer avec les garde-forestiers au jeu du chat et de la souris car l'abattage des arbres est strictement interdit, sauf autorisation spéciale accordée par la division des forêts dans le cadre d'activités de coupe et de régénération des parcours forestiers ou la création de coupe-feux.
Des revenus tributaires des saisons
Selon le chef de division des forêts du Kef, la nouvelle législation régissant le milieu forestier ouvre la voie à la réconciliation entre la population et la forêt en ce qu'elle autorise les habitants à exploiter de façon rationnelle la forêt dans des activités génératrices d'emploi, comme la coupe et la distillation des plantes médicinales tels le romarin, le thym et le lentisque, mais aussi pour le pâturage.
Mais cela demeure insuffisant pour la population qui se voit dans l'obligation de se soumettre aux lois de la nature et de limiter l'exploitation de la forêt à de petites activités peu lucratives et souvent pénibles à mener, d'autant plus que cela demeure tributaire des saisons et de l'état de lieu des lieux forestier.
Terrorisme et vol de denrées et provisions alimentaires
Les familles sont, par ailleurs, hantées par la peur du terrorisme, comme à Jbel Ouergha où plusieurs foyers ont été attaqués par des terroristes en quête de nourriture. C'est le cas des habitants de la localité de Forchène à Sakiet Sidi Youssef ou d'Ouled Ayar dans la délégation de Touiref ou encore des habitants de Hammam Mellègue à l'ouest qui ont longtemps fait l'objet d'attaques inopinées par des terroristes qui leur ont subtilisé toutes leurs provisions alimentaires. Certains d'entre eux ont même quitté les lieux pour s'installer dans les villes. A cause de la menace terroriste, d'autres ont dû éloigner leurs filles adolescentes ou adultes en les envoyant en ville pour exercer comme aide-ménagères, et ce, de peur de les voir agressées par les terroristes, alors que certaines familles ont carrément été contraintes de pousser leurs filles et même leurs garçons à l'abandon scolaire d'autant que nombre d'écoles rurales ont fermé leurs portes à cause du manque d'élèves.
Partant de cette situation, le milieu associatif n'a pas croisé les bras et s'est investi dans des actions de formation professionnelle et de sensibilisation de la population à l'importance de préserver le milieu forestier. C'est le cas de la Fondation El Kef qui a mené un projet de formation de jeunes filles de la région de Kharouba, aux confins de la frontière tuniso-algérienne, dans la délégation de Sakiet dans le domaine de la vannerie, assorti d'actions de commercialisation de leurs produits.
D'autres actions de promotion de l'emploi des femmes ont été menées aussi par des associations nationales et régionales mais certaines ont mis fin à leur activité en milieu de parcours suite au manque de financement ce qui a encore aggravé les conditions de vie de la population des zones forestières, contraintes aussi se rabattre sur la cueillette des fruits sauvages comme les mûres, l'arbouse ou les grains de pin dans la Kroumirie.
Cependant, ces activités demeurent saisonnières et tributaires des conditions climatiques d'autant plus que le milieu forestier a énormément souffert des incendies qui ont détruit plusieurs milliers d'hectares de couvert végétal, rendant encore plus dure cette triste réalité de la condition humaine en milieu forestier où les magnificences naturelles imposent inéluctablement leur diktat.
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