Tunis - A la une

Premières heures du pass vaccinal : va te faire voir !


Mercredi 22 décembre 2021, premier jour du pass vaccinal en Tunisie. Théoriquement, l'accès aux entreprises publiques et privées, aux supermarchés, aux établissements de santé ou aux transports ne peut se faire que sur présentation du fameux pass vaccinal, téléchargeable sur le site Evax du ministère de la Santé. Comment les choses se déroulent après les premières heures de l'application de ce décret présidentiel, pondu sans aucun débat public préalable et sans aucune communication gouvernementale ultérieure 'A tout seigneur, tout honneur, commençons par Business News pour voir si l'administration de notre journal applique la loi ou pas.

Première déception, l'accès à la rédaction s'est fait normalement comme d'habitude. Il n'y a aucun vigile pour contrôler le pass et vérifier si l'on est en règle. Le rédacteur en chef Marouen Achouri grogne un « bonjour » à peine audible et ne semble pas prêt à discuter avant de fumer sa troisième cigarette de la journée.
La secrétaire générale de la rédaction Nadya Daoud se maquille encore à 8h30, sous les yeux charmés de Sofiène Ahmed Ghoubantini en train d'écouter l'émission de Myriam Belkadhi sur Shems FM. Abir Guesmi est dans son propre monde et ne semble pas être concernée par nos problèmes existentiels. Quant à Nadya Jennene, il ne faut surtout pas l'interroger sur le sujet. Elle a été claire la veille, à ce propos, « demain, celui qui m'interroge sur le pass, je lui fous une pierre sur la figure ». Une menace sans ambiguïté publiée sur sa page Facebook. Au service commercial, la moitié de l'équipe n'est pas encore arrivée et l'autre moitié est grincheuse. A la compta, on nous rappelle que nous sommes le 22 et que la priorité est au recouvrement pour verser les salaires à la fin du mois et non par les caprices de l'Etat.
Heureux sont les autres membres du journal qui travaillent à distance et échappent à ces supplices des journalistes présentiels.

Reste le big boss, Nizar Bahloul pour nous dire comment et qui va contrôler les pass, comme la loi l'exige. Lui aussi, comme le rédacteur en chef, ne semble pas trop prêt à discuter avant de fumer sa cigarette et de boire son café. Il y va quand même : « Tout d'abord, ce n'est pas une loi, c'est un décret. Personne ne nous a consultés à son sujet et le gouvernement n'a fait aucune communication pour nous sensibiliser. Nous n'avons pas d'argent pour recruter un préposé à la vérification des pass vaccinaux, nous n'avons aucune idée sur l'application censée vérifier les QR Code et, de toute façon, le site Evax est en panne depuis 48 heures. Si l'Etat veut que ses décrets soient respectés, il faut qu'il y mette les moyens. A défaut, ses décrets despotiques, on les envoie à la poubelle ! ».

Dehors, les choses ne semblent pas différentes de ce qui se passe dans les locaux de notre journal. Personne, pour le moment, n'a demandé le fameux pass vaccinal. Au café, la patronne rigole un coup quand on lui évoque le sujet : « Mais ça ne va pas ' Je ne vais quand même pas jouer aux flics, ce n'est pas mon travail ! Moi, je ne sais faire que des cafés ».
Les confrères de Mosaïque FM sont sur le même sujet que Business News et obtiennent visiblement le même résultat. A la station de métro, le préposé au guichet a dit au journaliste « allez va te faire voir ! ». Un peu partout, c'est la même rengaine, le pass sanitaire tout le monde en parle, mais personne ne le voit.
A la banque, c'est le vigile de la société de gardiennage qui a été chargé de surveiller les pass. Et tant pis pour la sécurité ! Le bonhomme n'a ni l'appareil ni l'application pour scanner les QR Code du pass. Il se contente de jeter un coup d''il sur les documents qu'on lui montre, sans faire la différence entre le pass sanitaire et le certificat de vaccination. Et comment peut-il, le pauvre, faire la différence, puisque personne ne l'a formé.
A l'entrée d'une administration publique, censée refuser l'accès à tout fonctionnaire non détenteur du pass, on nous répond que l'on va être souple aujourd'hui, le temps qu'on voie comment les choses se déroulent dans les autres administrations. On nous prie de ne pas dévoiler le nom de l'institution, afin d'éviter tout problème.

La journée est encore longue. Avec notre vidéaste Marwen Shili, on va se diriger vers le centre névralgique de la Santé en Tunisie, c'est-à-dire Bab Saâdoun, là où il y a le ministère de la Santé et une concentration d'hôpitaux et d'institutions sanitaires. The show must go on et le site Evax est encore down.
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