Quoi de mieux que le 7ème Art, synthèse de tous les arts pour célébrer les créateurs et leurs 'uvres. Telle était la devise de la première édition de « Vues sur les Arts » qui vient de se tenir du 25 au 29 décembre 2020, à l'Agora de La Marsa. Un festival qui devait se tenir au mois de septembre dernier mais qui a été repoussé une première fois à cause de la fermeture des espaces culturels, puis une deuxième fois pour ne pas coller à la date des J.C.C.Le Comité directeur composé essentiellement de Daly Okby, (directeur de l'espace), et Tarek Ben Chaabane (chargé de la programmation), a voulu s'ouvrir sur toutes les formes d'expression abordées par différents genres cinématographiques à savoir, la photo, la musique, la danse, la poésie, la littérature , l'architecture
Un grand moment de cinéma
Pour sa première édition, estime Daly Okby, les films signés par Jean Luc Godard, Wim Wenders, Michelangelo Antonioni, Vincente Minnelli, pour ne citer que ces noms, nous ont permis de découvrir leur approche et leur perception des divers domaines artistiques pour nous amener à appréhender l'imaginaire des créateurs, et savourer un grand moment de cinéma. Seules, la qualité des films et la singularité des trajectoires artistiques, ont motivé la sélection présentée, rappelle t-il.
Ainsi, les organisateurs ont choisi de montrer des 'uvres primées et mondialement célèbres; des 'uvres du répertoire ont voisiné avec d'autres plus actuelles, et des films d'art et d'essai ont voisiné avec d'autres à la narration classique. Sans oublier, les deux rencontres ' débats portant sur les thèmes, « De l'écrit à l'écran » et « L'art du documentaire », qui se sont déroulées dans l'esprit d'une pédagogie passionnée pour promouvoir auprès des étudiants et des faiseurs d'images, le film sur l'art, genre qui n'a pas toujours la place qui lui revient dans nos productions, selon les organisateurs.
Cette première session a été organisée sous le parrainage de Jean-Luc-Godard pour qui « le cinéma n'est pas à l'abri du temps, il est l'abri du temps ». Les cinéphiles ont pu voir « JLG/JLG » de Jean-Luc-Godard ; l'autoportrait du réalisateur de la Nouvelle Vague. Mais aussi, « Frida » de Julie Taymor, qui retrace la vie mouvementée de Frida Kahlo, artiste peintre mexicaine du XX ème siècle, qui se distingua par son 'uvre surréaliste, son engagement politique en faveur du communisme, ses relations tumultueuses avec son mari , le peintre Diego Riviera, ainsi que sa liaison secrète et controversée avec Léon Trotski, homme politique soviétique et révolutionnaire communiste.
« Vues sur les Arts » nous a également permis de découvrir « Basquiat » de Julian Schnabel, un film qui rend hommage à Jean-Michel Basquiat, premier artiste noir américain, postmoderne et néo-expressionniste à avoir vraiment réussi dans le monde des arts, disparu en 1988 à l'âge de 27ans .
Quant au long métrage « La vie passionnée de Vincent Van Gogh » (1957) de Vincente Minnelli, (le premier à avoir porté à l'écran, la vie torturée du peintre et dessinateur néerlandais, pionnier de l'expressionnisme), il retrace l'itinéraire de Van Gogh arrivé en Belgique, pour se rendre ensuite en Provence où Gauguin le rejoint. Puis comment « le génie incompris », auteur des « Tournesols » se coupe une oreille et se fait interner dans un asile.
Autre histoire, autre vérité, celle de « Pina » (2011), un film documentaire de Wim Wenders, consacré à la grande dame de la danse expressionniste allemande, Pina Bausch décédée en 2009. Tourné en 3D, cet hommage nous convie sur scène au plus près des corps en mouvement, à travers des fragments de chorégraphies avec Pina.
Quant au choix de la « Section Focus 2020 », il s'est porté sur l'Argentine avec la projection du film de Fernando E. Solanas, « Tango, l'exil de Gardel » (1985). Des exilés argentins installés à Paris, mettent en place un ballet de tango rendant hommage au danseur Carlos Gardel. Ainsi, l'histoire de ces déracinés remonte dans la surface grâce à ce spectacle musical sur le tango ; une magnifique « tanguédie », mélange de tango, de comédie et de tragédie sur le thème de l'exil de ces nombreux Argentins qui fuyaient leur pays pour échapper à la dictature.
Hommage à Ben Ammar, Bellagha et Gorgi
Des films tunisiens sur l'art ' Bien évidemment ! Les organisateurs de « Vues sur les Arts » n'ont pas omis de rendre hommage à Hmida Ben Ammar en projetant deux de ses documentaires ; il a eu le mérite de réaliser en 2004, des portraits de nos grands artistes pour une mémoire qui ne s'oublie pas. Il s'agit de Ali Bellagha et Abdelaziz Gorgi, parmi les fondateurs de l'Ecole de Tunis.
« Ali Bellagha, l'artiste artisan » et peintre de l'univers féminin qui s'est inspiré du patrimoine tunisien pour créer une atmosphère de rêve et de fantasme. En donnant libre cours à son imaginaire de peintre mais aussi à sa plume, Bellagha a créé « Le Séquoia bleu »qui sera un album unique en son genre, 'uvre d'un peintre de la médina mais aussi, un créateur à travers lequel l'art plastique et l'écrit font une unité.
L'autre documentaire de H. Ben Ammar jette la lumière sur « Abdelaziz Gorgi », pionnier de l'art moderne tunisien et arabe, connu des artistes de plusieurs pays par sa verve et son ironie. Peintre dessinateur, céramiste et sculpteur, Gorgi dont les 'uvres ornent encore aujourd'hui les murs des musées et des grands collectionneurs, a laissé une empreinte indélébile dans l'art et la culture en Tunisie et à l'étranger.
Elle est belle cette initiative qui voit le jour à La Marsa puisqu'elle a fait le bonheur des cinéphiles de la banlieue nord en ces temps morbides de pandémie. On nous promet de reprogrammer certains des films lors de la réouverture bientôt au public de la Cinémathèque Tunisienne à la Cité de la Culture, tout en assurant les mesures du protocole sanitaire. En attendant, Daly Okby vient d'annoncer lors de la clôture de son festival, la date de la deuxième édition de « Vues sur les Arts » qui aura lieu en octobre 2021. Bon vent !
S.B.Z
Posté Le : 06/01/2021
Posté par : infos-tunisie
Source : www.letemps.com.tn