Kébili - A la une

Kébili, le sud « profond », profondément menacé par le virus !


Là-bas, le Coronavirus est arrivé d'on ne sait où exactement et il est en passe de faire de ravage ! Là-bas, c'est à 550 Km de la capitale. Là-bas c'est à Kébili ! Une contrée où, comme l'a dit un poète, ni Dieu ni le facteur ne viennent. Personne ! Sauf peut être les terribles souffles du Sirocco en guise de printemps, ou maintenant les terribles statistiques du Covid-19.Les statistiques sont froides, inhumaines et terribles. Quand les officiels les égrènent, on sent comme quelque chose nous tord les boyaux ! Le 16 avril, il y a juste quelques jours, Kébili a enregistré 51 cas confirmés de coronavirus, la courbe du gouvernorat est en hausse depuis le début de la pandémie. Puis on est arrivé à 79 cas, le 18 avril, et 83 cas, le 19 du mois. On peut dire que d'autres régions connaissent ce calvaire. Mais là on est à Kébili. Pas d'hôpital digne de ce nom, pas de médecins en nombre suffisant, pas de lits de réanimation et des fois pas de lits du tout. Le personnel, qui se bat mains nues contre la pandémie est très touché. Souvent des femmes. Les cas avérés sont acheminés, quand on peut, vers Monastir, à quelques 350 Km de chez eux !
Dans le petit village d'El Golâa, près de Douz, aux portes du désert comme disent les brochures touristiques, les ravages sont immenses ! Plus de trois quarts des cas enregistrés sont de ce village. Ici, les gens ne savaient pas que quelqu'un a ramené le virus de très loin, dans un avion et qu'il s'est lâché ! Mariages, fêtes, rencontres au café du souk, accolades à droite et à gauche, et là-bas on ne badine pas avec les accolades et les baisers de fraternité.
Dés que les premiers cas ont été déclarés, il y eu un vent de panique et la plupart des habitants se sont rués vers le désert tout proche.
La saison printanière et les traditions aidant, on file vers le désert comme on va en banlieue Nord à Tunis. En moto, en charrette, à bicyclette et en pick-up rutilantes ! Il a fallu l'intervention de la garde Nationale pour raisonner les fuyards vers le désert qui croient dur comme fer qu'on ne peut pas attraper le virus sur une dune de sable.
Le ministère de la Santé a tenté de rattraper la catastrophe qui se profile. Il a dépêché dimanche dernier un comité pour évaluer la situation et a annoncé que Kébili bénéficiera des tests rapides cette semaine. Les infirmiers, les autres employés administratifs, ceux de l'hygiène ou de nettoyage ont reçu les bureaucrates du ministère habillés avec des sacs poubelles noirs pour stigmatiser ce qu'ils endurent depuis des semaines. Les autorités régionales sont dépassées et le gouverneur s'occupe de poursuivre un citoyen qui a vilipendé sur Facebook, un cadre régional du commerce.
La distanciation sociale n'existe pas dans ce sud oublié de tous. Ici la semoule et la farine sont aussi essentielles que l'eau ou l'oxygène ! Tous les jours c'est la bousculade dés qu'un camion de ravitaillement pointe du nez. Le confinement est très lourd à vivre et fin mars les agriculteurs ont exigé qu'on les laisse travailler parce que c'est la saison de pollinisation des palmiers !
Depuis 60 ans, La région de Nefzaoua, Kébili, Douz et leurs environs se battent tant bien que mal pour survire et pour offrir à la Tunisie, des milliers d'euros de devises par l'exportation des dattes Deglet Nour. Plus de 70% des dattes viennent de ces contrées abandonnées par le pouvoir central.
Aujourd'hui, c'est de survie qu'il s'agit. Les pouvoirs régionaux et centraux doivent se préoccuper de ce qui se passe dans la région et trouver les solutions rapides et efficientes pour fournir les médecins et les soignants en matériels nécessaires à leur travail titanesque contre le virus.
Il faut une solution pour localiser les tests rapidement, par l'armée par exemple, comme ça a été fait à Tataouine. Il faut ravitailler la région de tout ce qu'il faut à la population en denrées alimentaires et en bavettes de protection. Les élus locaux doivent pointer là-bas et non pas sur les plateaux de télévision afin de pousser à l'action une bureaucratie qui est toujours prête à se décharger de ses responsabilités !
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