Tunis - A la une

Kaïes Saïed : Le Messager d'Allah


Les Tunisiens, poussière d'individus, voient le monde tel qu'il est et disent : « Pourquoi ' ». Seul le Raïs K. Saïed, descendant direct de Boussaâdia l'arlequin, 63 ans et soixante troisième du nom, voit le monde tel qu'il pourrait être et dit : « pourquoi pas ' ». Est-ce que le Raïs a dit ça, la nuit du 25 juillet 2021, cloitré dans son cagibi, à un parterre de Généraux des trois armées, en fomentant son coup d'Etat' Est-ce qu'il a dit ça, le 22 septembre 2021, lorsqu'il a dépecé la constitution pour maintenir ses mesures d'exception et instaurer sa dictature 1ère. Le pouvoir mort ou vif.Bien sûr, on aurait pu vous présenter des « pourquoi pas ' » des plus saignants, des plus salauds, des plus bourreaux, des plus pornos, des plus torturés, des plus masos, des plus ensanglantés. On en reste là. Sur votre Gargantua. Car la question qui torture les Tunisiens depuis que Saïed a fait son hold-up, est ailleurs : on a cassé l''uf pour en faire une omelette, mais avec cette omelette, comment en faire un 'uf ' Kaïs est dans le secret. Ce n'est pas parce qu'il est l'élu, mais parce qu'il est le seul, l'impair. Le dernier des Mohi'Un président d'avant les présidents. Un président qui vient d'une autre planète et brûle en une heure ce que, nous, immortels brûlons en une décennie. On lui doit tout : l'éradication des intégristes, le démantèlement du parlement, la mise au pas des fortunés, le vaccin anti-covid, le don de la Banque Mondiale, la baisse du poulet de batterie, le pétrole, le sel, le ciment, le fer, la dignité retrouvée, la pluie promise, sauf peut-être la fuite de Ben Ali, pour qui il a roulé sa bosse comme un costaud de la smala.
Saïed un homme parmi les hommes ' J'en doute. Il est initié à camoufler ses atouts, ses goûts. Il avance affublé d'un faux nez. Cet homme est un mutant. Il se suffit à lui-même, telle une cellule qui s'engendre d'elle-même. Son monde est à mille bornes au-dessus de nos têtes et à vingt mille lieux sous la mer, un Atlantide, un sixième lieu où on ne fait que des rencontres de troisième type. Il ne partage rien avec nous, sauf peut-être la roublardise, un sport national tunisien.
Puis un point d'interrogation qui est en soi, une aventure. Le désert ' L'au-delà de l'errance ' S'en contenter ' Oui. Parce que ce vers d'un poète inconnu que Thomas Harris, père d'Hannibal le cannibale, aime citer le rappelle assez : « vous auriez pensé que pareil jour frémirait de se lever' » Brrr'
Pour refaire l''uf à partir d'une omelette, ce n'est pas sorcier. Il suffit d'avoir la bonne posture. Comme dans l'Ombre du guerrier d'Akira Kurosawa, ce sosie du seigneur (Shogun), cet imposteur, ce voleur de poules, qui a régné sans demander son reste. « La montagne ne bouge pas ». Qui dit mieux.
Par son culot, il a ameuté la terre entière, tendu toutes les ondes, convoqué les diseurs de louanges et d'aventures ambigües. Un slogan qui lui va comme un gant : « Achaâb yourid », « Le peuple veut. »
Il a commis l'acte défendu, le 25 juillet, l'entérine le 25 août. Le 22 septembre est une simple formalité. Le 29 septembre, il nomme une sous-formalité.
Saïed parle la langue du Messager. Il est l'acteur Abdallah Gaieth, dans le rôle de Hamza, le talent en moins. Il éructe, il jappe, il H..uuurle. Il voulait expédier tous les exploits de tous les temps dans les limbes. Pas de concurrent. Ou, si, un peuple qui s'évanouit d'extase à son passage. Pas d'adversaire, pas de règle. Il joue seul à seul. Pour lui tout seul.
Au rancart, les pédés, les allumés, les dinosaures, les vendus, les fouineurs, les récalcitrants, les hordes de non-croyants et les malappris. Il veut son putsch racé, propre, intégriste, à perpète. Un rêve de Califat. Il a décidé : La Tunisie a raté son épopée, je serai son Messager armé.
Il a choisi une date brulée, comme on choisit un trou de cul perdu, pour mieux mirer sa quincaillerie, son blabla et ses éclats de cinglé. Le Christ s'est arrêté à Eboli. Rien ne doit le distraire de sa superbe. Avant même le coup d'envoi, il disqualifie tout le pays. Un prédateur qui ricane.
L'histoire prend fin. Léo le poète, toise le preux Messager : « vous marchez droit, certes, mais j'ai le regret de vous assurer que vous rampez. » Limace.
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