L'on assiste, depuis un bon bout de temps, à un manège spéculatif qui alourdit de plus en plus le fardeau du consommateur. Et parfois, c'est lui qui crée la pénurie par ses achats compulsifs, provoquant ainsi un sur-stockage qui déséquilibre le marché.Il était exactement 7h 45. Il y avait une douzaine de personnes qui attendaient l'ouverture des portes d'une grande surface. Curiosité oblige, on est informé qu'il y a des promotions intéressantes : Les neuf bouteilles de deux litres d'eau sont à dix dinars cinq cents millimes. C'est pour boire, mais également pour faire la cuisine. L'eau du robinet est pour ainsi dire inutilisable pour cuisiner. Elle donne un goût de moisi à la nourriture.
Cette question d'eau dont on a déjà parlé, mais c'est la course ou la chasse aux promotions qui commence tôt le matin et qui est devenue, semble-t-il, le lot quotidien des mères de familles. S'agit-il, vraiment, de promotions ou de simples effets d'annonce pour attirer la clientèle ', se demande une dame, avant d'y entrer. «Nous sommes bien obligés de le faire pour essayer de suivre le rythme des fluctuations de prix que l'on subit de manière régulière», a-t-elle ajouté.
La course effrénée !
Effectivement, tout l'espace de cette grande surface est rempli de papillons de couleur jaune et d'autres de couleur orange. Les jaunes pour les prix normaux et celles de couleur orange pour les articles en promotion. En fin de compte, les responsables de ce magasin à rayons multiples, ont compris qu'imiter ce qui se passe chez les concurrents serait tout simplement aller à la perte. Ils ont tenu à baisser le prix de leurs marchandises, en rognant sur leurs propres bénéfices. Et ça marche. Comme c'est le cas de l'eau ce jour-là.
Et voilà de quelle manière le consommateur essaie de s'adapter pour faire face au renchérissement du coût de la vie. En partant dans une course effrénée vers les soldes ou les promotions, il grappille quelques économies pour résister aux assauts des augmentations qui, parfois, paraissent exagérées.
Bien entendu cette question de prix, et dans l'état actuel des choses, il est extrêmement difficile d'en parler, alors que la lutte contre les malversations et la spéculation bat son plein. Les contrôleurs n'ont pas le don d'ubiquité pour être partout à la fois. Cela profite à des personnes sans scrupule pour gagner de l'argent facile. Pour le moment, les contrôleurs interviennent s'ils sont alertés et ils ne manquent pas d'efficacité. Il n'en demeure pas moins qu'ils reprennent les choses en main, dans des conditions difficiles, exceptionnelles et déroutantes, et ce, en raison des pénuries qui ont tout mis sens dessus dessous. Et parfois, c'est le consommateur qui crée la pénurie par ses achats compulsifs, provoquant ainsi un sur-stockage qui déséquilibre le marché.
Courir dans tous les sens
Mais ce sont aussi les soubresauts d'un puissant lobby de spéculateurs ayant le pouvoir, grâce à des réseaux qui semblent encore tenir le coup à pomper une bonne partie des quantités supplémentaires de la marchandise qu'on réinjecte pour réguler le marché. Des sources autorisées nous ont assuré que le cas du sucre est à suivre de près.
En effet, on n'arrête pas de mettre sur le marché des quantités énormes de ce produit. Et pourtant, il demeure furtif et il faut courir dans tous les sens pour en trouver. On finira par repérer le lieu de son stockage et saisir des tonnes de sucre «subtilisé», quelque part.
A la sortie d'un magasin, sur la route de Raoued, à l'Ariana, une cliente poussait son caddie surchargé de bouteilles d'eau achetées en promotion
«Si cela vous intéresse, il y a du yaourt dont la date de péremption est proche. Hier, il devait y avoir de bonnes remises sur le prix de l'huile végétale». Ainsi, le sport favori des familles est, désormais, de courir derrière les promotions qui leur permettent de tenter de joindre les deux bouts.
Etant donné que c'est une grande surface qui agit pour alléger les charges familiales, il y a de quoi se demander pourquoi les autres chaînes ne font pas les mêmes efforts.
Nous avons attiré l'attention sur cette possibilité à la portée de firmes qui ont les moyens de contribuer à l'effort national en ces circonstances difficiles. Des pays européens l'ont sollicité et toutes les grandes chaînes ont répondu par l'affirmative et l'impact a aussi été positif.
Chez nous, on y a répondu également de manière positive, en faisant baisser les prix de quelques marchandises du genre «dentifrice», «savon», détergents et autres. Pour des produits alimentaires de consommation courante, la situation n'a pas changé. Pire, que ce soit au niveau des viandes rouges ou blanches, des charcuteries, des laitages, des légumes et des fruits, les prix sont nettement au-dessus de ceux qui sont affichés dans les marchés municipaux ou les magasins de vente desquels s'approvisionnent ces grandes surfaces.
Fidéliser la clientèle
Un des employés a simplement répondu: «Nos responsables ont décidé de jouer sur le nombre de clients qui balancent automatiquement vers nous, grâce à nos promotions. Bien entendu, en ce qui concerne un certain nombre de produits il y a par exemple les surplus de stockage ou de production à la fin d'une saison touristique, de fêtes ou autres occasions et dont il faut se débarrasser. Dans ce cas, notre clientèle en tire profit». C'est que les fins de stock favorisent également une certaine réduction des prix.
Et de poursuivre, «cette façon d'agir nous permettrait de fidéliser une clientèle qui attend la parution de nos catalogues. Nous tenons nos promesses et les deux parties y trouvent leur compte. Cela n'est pas plus difficile que cela». Si bonne volonté il y a, on peut agir de manière positive sur ceux qui se cramponnent à leurs marges, sans porter préjudice au pouvoir d'achat de leurs clients.
Posté Le : 14/10/2023
Posté par : infos-tunisie
Source : www.lapresse.tn