C'est assez difficile à admettre mais les valeurs d'humanisme, de partage et de tolérance se cassent la gueule un peu partout dans le monde. Nous vivons dans une époque où la fermeture, l'isolement et la haine de l'autre sont érigés en programme politique et en mode de pensée.Commençons par nous-mêmes. Dans une grande majorité, les Tunisiens sont homophobes, racistes et intolérants. On peut discourir pendant des heures sur les 3000 ans d'Histoire et rappeler Ibn Khaldoun, mais la réalité est bien là. Toute personne différente de ce que l'imaginaire collectif se représente du bon tunisien, est la cible du reste de la société. On doit être hétéro, blanc et musulman, entre autres choses. Cet état de fait conduit à une réalité politique figée et à une classe dirigeante qui adopte aveuglément ces critères pour « plaire ». Par conséquent, on ne verra aucune avancée tangible sur ces plans, qui serait instiguée par un politicien courageux, qui prendrait le risque d'aller à contre-courant. Donc, l'intolérance continuera et les différences se creuseront de plus en plus. La situation n'est pas meilleure ailleurs. De l'autre côté de la méditerranée, en France, le Front national, conduit par Marine Le Pen, vient d'engranger une victoire écrasante aux élections régionales. Pour la première fois de l'histoire de France, un parti d'extrême droite pourrait se retrouver à un niveau de responsabilité inédit. Pourtant pays des droits de l'Homme et de la philosophie humaniste, la France est en passe de courber l'échine à une rhétorique xénophobe et raciste. Comme pour la Tunisie, les discours historiques se révèlent inutiles à la lumière d'une réalité si triste. Le FN a élevé les peurs primales en projet politique et prône l'exclusion. Une majorité de français ' du moins ceux qui sont allés voter ' semble embrasser cette argumentation. A l'ouest, au propre et au figuré, il y a l'homme orange, l'inimitable Donald Trump. Ce personnage est l'un des candidats républicains favoris des sondages aux Etats-Unis. Trump ne déroge pas à la règle de la démesure américaine et sa bêtise est vraiment démesurée. Parmi les propositions de ce candidat : interdire les musulmans d'accès au territoire américain, Les obliger à porter des badges distinctifs pour les reconnaitre dans la rue'. Un aigre relent de nazisme se dégage de ses propos et de ses affirmations. Pour pousser l'élégance jusqu'au bout, il n'a pas hésité à se moquer ouvertement, durant un meeting, d'un journaliste handicapé en le mimant. L'avantage avec Donald Trump c'est qu'il dit de telles énormités qu'il ne laisse pas de place au commentaire. Je vous laisse imaginer seuls ce que donnerait un personnage comme Donald à la Maison Blanche. A l'est, ce n'est pas mieux. Vladimir Poutine est devenu en quelques semaines le héros des populations, le valeureux justicier qui est allé faire la peau à Daech parce qu'il est courageux et bon. Evidemment, il le fait par amour de la justice et de l'humanité. C'est du moins ce que semblent penser ses fans tout récents qui essaiment les réseaux sociaux. Toutefois, ne leur en déplaise, il existe une sombre réalité là bas en Russie. Vladimir Poutine n'est pas ce que l'on peut qualifier de « démocrate » et il a tendance à faire taire les voix discordantes en bon espion du KGB qu'il est. On s'extasie devant la posture, les mots 'vrais ou faux aucune importance- et on se dit que ce serait merveilleux si nous avions un leader comme lui. Un tel souhait ne peut que nous renvoyer vers notre propre faiblesse et notre volonté d'être « guidés » comme des moutons. En Turquie, super-Erdogan est aux commandes. Caressant toujours son fantasme d'empire ottoman, le président turc est aussi allergique que son ex-ami russe aux voix discordantes. Une chaîne de télévision d'opposition qui le critique ' Il envoie la police la fermer tout simplement. Des journalistes qui font des révélations gênantes ' Retour à la case prison. Des femmes qui revendiquent leurs droits ' Il est connu que la femme ne peut naturellement être l'égal de l'homme, dixit Erdogan. On pourrait multiplier les exemples en allant encore en Afrique ou en Asie. La tendance est générale. Elle proclame la défaite des idéologies humanistes et égalitaires. On se confine, on se barricade, on s'enferme dans nos préjugés, dans nos idées reçues, dans notre peur. A l'ère de la télévision et des théories en 140 caractères on a peur, peur de l'autre, peur de la différence. Dans le règne de l'urgent et de l'immédiat, on a de plus en plus peur de l'avenir à tel point qu'on ne veut plus y réfléchir. On préfère un pseudo-leader qui le fera pour nous tout en se posant comme défenseur de nos préjugés. La défaite des valeurs d'humanisme signe un retour sur l'une des évolutions les plus importantes de l'humanité. On se retrouve avec des leaders venus tout droit du moyen-âge avec des idées rétrogrades. Chacun dans son contexte social et religieux, ils s'accordent tous sur une chose au moins : c'était mieux avant, beaucoup mieux'
Posté Le : 09/12/2015
Posté par : infos-tunisie
Source : www.businessnews.com.tn